IV – Physiopathologie des amibiases intestinale aigue et hépatique
V – Clinique
VI – Diagnostic
VII – Traitement
VIII - Prophylaxie
Définition
C'est une parasitose due à un protozoaire rhizopode Entamœba histolytica localisée initialement au niveau du colon pouvant secondairement toucher d'autres organes notamment le foie. Selon l'OMS, on parle d'amibiase à chaque fois que l'organisme héberge Entamœba histolytica avec ou sans manifestation clinique.
L'amibiase est connue depuis longtemps. En Amérique du Sud, certaines peuplades savaient que certaines diarrhées étaient guéries par les racines d'Ipéca. En 1875 Loesch isole l'agent pathogène et en 1892 Quincke et Ross découvrent le kyste et précisent le mode de contamination.
Espèces: Entamœba histolytica, E. dispar, E. hartmanni, E. coli, Endolimax nanus, Pseudolimax butschlii
Amibes
Se déplacent grâce à des pseudopodes par des mouvements amoeboides liés à la présence de protéines contractiles de type actine et myosine
Formes végétatives d'Entamœba histolytica
Forme pathogène: Entamœba histolytica histolytica
Forme non pathogène: Entamœba histolytica minuta
Forme pathogène: Entamœba histolytica histolytica
Taille: 20-40μm, noyau sphérique, cytoplasme divisé en endoplasme et ectoplasme, présence de longs pseudopodes, retrouvée dans les selles dysentériques, les abcès des parois colique et les métastases viscérales
Forme non pathogène: Entamœba histolytica minuta
Taille plus petite: 12-25μm, cytoplasme sans hématies
Forme kystique
Représente la forme de résistance et de dissémination, taille de 13μm de diamètre avec 4 noyaux et des cristalloïdes
Cycle évolutif
1. Cycle non pathogène (amibiase infestation): ingestion de kystes, désenkystage, division en 8 amoebules qui se transforment en Entamœba histolytica minuta
2. Cycle pathogène (amibiase maladie): transformation d'Entamœba histolytica minuta en Entamœba histolytica histolytica, franchissement de la muqueuse colique, formation d'abcès, passage dans la circulation mésentérique et la voie portale vers le foie et le poumon
La prévalence de l'amibiase dépend étroitement des conditions socio-économiques et sanitaires des populations. Elle est cosmopolite avec une prédominance pour les régions chaudes et humides où l'hygiène laisse à désirer. L'OMS estime que 500 millions de personnes sont colonisées par Entamoeba dispar et 1 à 20% de porteur d'Entamœba histolytica, responsable d'un nombre très important d'épisodes dysentériques chaque année et d'une mortalité estimée entre 40000 et 100000 personnes par an.
Après la contamination, les porteurs sains de E. histolytica hébergent ce parasite dans leur tube digestif pendant environ 5 ans, en l'absence de traitement. Ce portage très long est un facteur de dissémination et justifie le traitement systématique par un amoebicide de contact.
Physiopathologie de l'amibiase intestinale aigue
Les trophozoïtes d'Entamœba histolytica adhèrent à la paroi colique, provoquent des pores dans les membranes cellulaires et les détruisent. Ils produisent des enzymes protéolytiques qui favorisent leur diffusion dans la muqueuse et la sous-muqueuse colique entraînant un épaississement œdémateux et la formation d'ulcérations.
Physiopathologie de l'amibiase hépatique
Les trophozoïtes passent dans la circulation mésentérique, la voie portale et parviennent au niveau du foie.
Porteurs sains
Personnes qui hébergent le parasite E. histolytica dans leur tube digestif pendant environ 5 ans, en l'absence de traitement
Le portage très long est un facteur de dissémination et justifie le traitement systématique par un amoebicide de contact
Amibiase intestinale aigue
Résulte de l'ingestion de kystes d'Entamœba histolytica qui se transforment en trophozoïtes dans le tube digestif
Adhésion des trophozoïtes à la paroi colique
1. Provoque des pores au niveau des membranes cellulaires
2. Finit par détruire les cellules
Production d'enzymes protéolytiques par les amibes
1. Favorise leur diffusion dans la muqueuse et la sous-muqueuse colique
2. Entraîne un épaississement œdémateux
3. Formation d'ulcérations
4. Formation d'abcès
5. Plages de nécrose
6. Perforations intestinales
Invasion de la paroi colique
Dépend de la réponse immunitaire locale de l'hôte
Diffusion des amibes par voie hématogène
1. Adhésion des amibes à la paroi des capillaires hépatiques
2. Destruction du parenchyme hépatique de façon centrifuge
3. Formation d'un abcès amibien du foie
La localisation hépatique est toujours secondaire à une contamination colique, mais elle peut apparaître à distance de l'épisode dysentérique
Adhésion des trophozoïtes au mucus de la paroi colique
Interaction entre un résidu D-galactose/N-acetyl-D-galactosamine (Gal/GalNAc) avec les glycoconjugués de l'hôte
Sécrétion d'enzymes protéolytiques par Entamœba histolytica
Détruit la barrière muqueuse et permet la lyse des cellules intestinales
Entamœba histolytica libère 10 à 1000 fois plus d'enzymes qu'Entamœba dispar
Réaction inflammatoire locale
Recrutement de leucocytes
Trophozoïtes protégés de la lyse par le complément