La technique et le travail permettent à l'homme de transformer la nature et de créer le monde des objets humains.
Les techniques et le travail aboutissent à l'art, un des ouvrages (plutôt que des langages) dont les formes donnent du sens à notre existence.
L'art est parfois accusé de manquer de sérieux, d'être inutile, mais la moins utilitaire de nos activités, la moins rationnelle et la moins morale, soit celle qui humanise peut-être de la façon la plus profonde.
Le mot art est dérivé de l'habileté (au sens d'une habileté acquise, ni naturelle ni innée), et par extension, le métier, voire l'artifice (au sens artificiel, non-naturel).
L'art en grec, soit le domaine des techniques, des savoir-faire, ou même des arts et métiers.
Kant distingue trois types de satisfaction parmi ce qui peut procurer un plaisir : l’agréable, le bon et le beau.
Kant répond à la question "qu’est-ce que le beau?" dans La critique de la faculté de juger.
Le bon est lié à cette faculté de désirer, mais la satisfaction qu’il procure est dite pure ou pratique, c’est-à-dire morale.
L’agréable est une satisfaction dite "pathologique" : elle est liée à notre corps, à nos appétits, nos penchants, notre sensibilité.
Le beau est le seul plaisir qui n’ait aucun rapport avec le désir : c’est ce qui plaît sans être désirable, donc qui pourrait plaire y compris si cela n’existait pas réellement.
L'art est un savoir-faire appliqué à la réalisation de quelque chose, une véritable intelligence pratique au service de nos capacités de production.
L'art est l'adresse, le talent dans une réalisation conforme à une fin, un objectif atteint.
Marcel Duchamp a créé des objets utiles, communs, placés dans l'enceinte du musée pour montrer qu'il n'y a pas d'art d'un côté et de la réalité de l'autre, mais que l'art et la réalité sont d'abord le produit du regard qu'on porte sur eux.
Voir avec des yeux de peintre, c'est voir mieux que le commun des mortels.
Henri Bergson a écrit que l'artiste est un homme qui voit mieux que les autres, car il regarde la réalité nue et sans voile.
Quand nous regardons un objet, d'habitude, nous ne le voyons pas, car ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l'objet et de le distinguer pratiquement d'un autre, pour la commodité de la vie.
L'artiste est celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, qui méprisera l'usage pratique et les commodités de la vie et s'efforcera de voir directement la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui.
La définition générale de l'art est la consigne pour déterminer le sens du mot art dans les locutions suivantes : un ouvrage d'art, l'Ecole des beaux-arts, avoir l'art et la manière.
L'art est dérivé de l'habileté (au sens d'une habileté acquise, ni naturelle ni innée), et par extension, le métier, voire l'artifice (au sens artificiel, non-naturel).
Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens» (Rimbaud, Lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871)
La vision photographique n’est pas la vision de l'œil.
L’art n’est pas une technique imitative, mais une métamorphose de la réalité.
L’art ne peut pas rivaliser avec la nature, sinon il ressemble à “un ver faisant des efforts pour égaler un éléphant.”
Hegel, dans l’Esthétique, souligne que ce n’est pas dans l’acuité d’une ressemblance que réside le ressort essentiel de la jouissance esthétique.
Il y a dans l’art un courage qu’il n’y a pas dans la réalité, le courage de larguer toutes les amarres pour des mondes inconnus qui peuvent être dangereux et destructeurs (c’est le thème du Bateau ivre de Rimbaud)
Évoquant quelques anecdotes remontant à la Grèce antique, Hegel raille l’admiration qui s’attache à de mornes et serviles reproductions des objets sensibles.
Les impressionnistes ont d’abord développé l’idée que l’art est un monde en soi.
En ce sens, l’artiste jouit d’une liberté absolue, ne serait-ce que parce que l’intérêt pour l’utile est écarté au profit du seul souci du beau.
L’artiste est celui qui a le courage de partir d’un monde contraignant et de nous dire ce que nous aurions vu si nous avions eu son courage.
L’art est un monde en soi selon Hegel.
L’art comme libération face à l’utile omniprésent dans nos vies.
La définition du génie comme don fait du génie une sorte d’élu de la nature et le sacralise en quelque sorte.
Les artistes ont intérêt à croire à leurs intuitions subites et à leurs prétendues inspirations car l’idée de l’œuvre d’art, du poème, la pensée fondamentale d’une philosophie tombent du ciel tel un rayon de la grâce selon Nietzsche.
Tous les grands hommes étaient de grands travailleurs, infatigables quand il s’agissait d’inventer, mais aussi de rejeter, de trier, de remanier, d’arranger selon Nietzsche.
La définition du génie comme don est négative car elle ne dit pas ce que le génie est, ne permet pas de relier les règles propres au génie, ne sacralise pas le génie et ne rend pas compte de l'échec d'un génie.
L’imagination du bon artiste, ou penseur, ne cesse pas de produire, du bon, du médiocre et du mauvais, mais son jugement, extrêmement aiguisé et exercé, rejette, choisit, combine selon Nietzsche.
Le génie, un grand travailleur, selon Nietzsche.
Expliquer la création artistique par le génie se heurte à une observation simple : tous les artistes, y compris ceux qu’on dit géniaux, ne font pas toujours de bonnes choses.
La conception du génie comme don est insatisfaisante car elle n'explique pas ce que le génie est, ne permet pas de relier les règles propres au génie, ne sacralise pas le génie et ne rend pas compte de l'échec d'un génie.
Les quatre critères essentiels pour différencier une œuvre d’art d’un objet quelconque ou d’un objet technique sont le primat de la forme sur le contenu, la singularité, la finnalité intrinsèque et l’apparence de la nature.