Les maladies lymphoprolifératives regroupent environ 80 entités avec une physiopathologie, présentation clinique et biologique très différentes
Hémopathies malignes
Cancers du tissu hématopoïétique liés à la prolifération de cellules monoclonales (<3) dérivées de l'hématopoïèse
Syndromes lymphoprolifératifs
Hémopathies malignes d'origine lymphoïde
Les syndromes lymphoprolifératifs sont fréquents : 25 000 nouveaux cas/an en France, environ 7% des cancers, plus de la moitié après 60 ans
Clonage
Emergence d'un clone de cellules qui s'étend et est caractérisé par un stade de différenciation, avec une activation de la prolifération et/ou un blocage de l'apoptose réalisés par des anomalies génétiques
Différenciation lymphoïde
1. Précurseur lymphoïde dérive d'un précurseur hématopoïétique
2. Lymphocytes T vont dans le thymus puis circulent
3. Lymphocytes B se différencient dans la moelle puis vont dans les organes lymphoïdes et retournent dans la moelle en tant que plasmocytes
Clonalité lymphocytes B
Cellules filles expriment le même récepteur BCR, visible au niveau phénotypique, génétique et protéique
Restriction isotypique
Toutes les cellules ont la même chaîne légère (kappa ou lambda), signe d'une lymphoprolifération
Analyse génétique
Extraction d'ADN, amplification des jonctions VDJ par PCR, analyse de la taille des produits PCR pour détecter une population monoclonale
Aspect protéique
Plasmocytes différents sécrètent des Ig différents, en cas de population monoclonale 1 seul isotype
Techniques d'analyse protéique
Électrophorèse des protéines sériques
Immunofixation
Gammapathie monoclonale d'origine indéterminée (MGUS) : population monoclonale chez 3-5% des sujets sains de plus de 50 ans, non maligne mais à surveiller
Étapes de différenciation de la lignée B
Précurseur lymphoïde
Lymphocyte B immature
Lymphocyte B mature
Plasmocyte
Les lymphocytes B matures subissent des réarrangements somatiques des gènes des immunoglobulines, ce qui peut entraîner une instabilité génétique et des proliférations anormales
Les stimulations antigéniques chroniques peuvent favoriser le développement de maladies lymphoprolifératives
Il existe de nombreux types de maladies lymphoprolifératives avec des présentations cliniques et biologiques variées
MGUS
Gammapathie monoclonale d'origine indéterminée et non maligne
Il faut quand même surveiller les électrophorèses des protéines et les bilans sanguins de ces patients, car il est possible que cette population monoclonale puisse devenir maligne, et donner naissance à un lymphome par exemple
Immunofixation
1. Faire migrer les protéines sur des gels avec des anticorps spécifiques de chaque fraction des Ig
2. Permet de caractériser l'isotype de chaîne lourde (M, G ou A) et de chaîne légère (κ ou λ) de ce pic monoclonal en utilisant les AC appropriés
Dans cet exemple, il s'agit d'un IgG avec une chaîne légère λ
Lymphocytes B
Se différencient dans la moelle osseuse et vont ensuite migrer dans les organes lymphoïdes, ils retourneront dans la moelle osseuse seulement en tant que plasmocytes matures
Lymphoprolifération
Prolifération maligne de lymphocytes B à différents stades de différenciation
Principaux syndromes immuno-prolifératifs B
Lymphomes malins non Hodgkiniens
Maladie de Hodgkin
Leucémie lymphoïde chronique
Maladie de Waldenström
Myélome (et plasmocytomes)
Le premier risque est encouru par tous les lymphocytes B, les 2 autres uniquement par des lymphocytes B ayant été stimulés par leur BCR
Réarrangement Bcl2 – IGH et lymphome folliculaire
Accident de réarrangement survenant aux stades immatures (moelle osseuse) à translocation t(14;18)
Association facteur anti-apoptotique, le Bcl2, avec le gène qui code pour une chaîne lourde d'Ig
La transcription de ce gène provoque la surexpression de Bcl2 → avantage de survie de ces cellules
Favorisation de la survenue d'événements génétiques oncogènes dans les follicules secondaires
Lymphome B diffus à grandes cellules
Translocation impliquant Bcl2 : dans environ un quart des cas
Translocation impliquant Bcl6 : dans environ un tiers des cas
Rôle de répression de facteurs protecteurs tels que p53 (=prolifération)
Accidents génétiques et blocage de la différentiation
Stimulations antigéniques chroniques
Certains syndromes lymphoprolifératifs aux stades initiaux dépendent fortement de stimulations antigéniques
Antigènes microbiens
Lymphomes du tissu lymphoïde muqueux (MALT) gastrique : Helicobacter pylori
Lymphomes du MALT de l'intestin grêle (IPSID) : Campylobacter jejuni
Auto-antigènes (maladies auto immunes)
Syndrome de Sjögren => lymphomes de la zone marginale (digestif)
Thyroïdite de Hashimoto => lymphomes thyroïdiens
Immunosuppressions
Rôle de l'immunosuppression dans la survenue de certains lymphomes
Leucémie lymphoïde chronique
Fréquente (1% des cancers)
Pathologie du sujet âgé
Peu proliférante, mais surtout absence d'apoptose
Peu évolutif, simple surveillance des patients
Stade de différentiation : follicule secondaire / lymphocyte B mémoire ?
Diagnostic de la leucémie lymphoïde chronique
Lymphocytose sanguine B CD19+ augmentée > 5000/µl
Mise en évidence du caractère clonal : monotypie de chaîne légère
Caractérisé par l'expression de marqueurs supplémentaires CD5+ CD23+
Myélome multiple
Prolifération plasmocytaire monoclonale médullaire diffuse (envahissement de la moelle osseuse)
Production d'une immunoglobuline monoclonale (IgG, ou IgA) (« gammapathie monoclonale »)
Toujours précédée d'un stade « bénin » (MGUS) dont seulement 1% par an évolue vers un myélome
Translocations chromosomiques impliquées dans le myélome
t(11;14), impliquant la cycline D1
Symptômes du myélome
Atteinte osseuse ostéolytique
Anémie et déficit immunitaire secondaire
Pathologies des immunoglobulines monoclonales
Hémopathies lymphocytaires T
10 fois moins fréquentes que les hémopathies B
Leucémies à virus HTLV-1 (« Adult T-cell Leukemia », ATL)
Lymphomes T cutanés : Syndrome de Sézary, mycosis fungoïde
Lymphomes T angio-immunoblastiques (LAI) : cellules T des centres germinatifs (Tfh)
Lymphome de Burkitt : translocation t(8,14) avec c-Myc qui est impliqué
Les lymphocytes B se différencient dans la moelle osseuse et vont ensuite migrer dans les organes lymphoïdes, ils retourneront dans la moelle osseuse seulement en tant que plasmocytes matures