bac de français - roman

Cards (28)

  • Les aventures sont multiples et rocambolesque
    • Un récit mouvementé, avec des rebondissements (évasion, déguisements, enlèvements, traversées, incendies) 
    • et des coups de théâtre incessants (comme la fuite de Manon au théâtre) 
    • qui tiennent le lecteur en haleine, et qui renvoient aux actions multiples des romans héroïques et picaresques qui ont précédé le roman de Prévost.
  • La marginalité des personnages crée une intrigue mouvementée voire rocambolesque ( pas d’ennui!)
    • Les éloigne d’une vie banale suscite l’imagination du narrateur et du lecteur; les figures de sagesse (Tiberge, le père) sont ennuyeux sur le plan narratif => romans picaresques
    • La marginalité les condamne aux problèmes : argents, emprisonnement, avec un schéma répétitif et surenchère sur le plan des transgression et des punitions “ la fortune ne me délivra d’un précipice que pour me faire tomber dans un autre ”
  • Ils sont isolés et rejetés
    • Cela les isole, ils sont rejetés par la société et sont vulnérables, sans protection, dépendant des domestiques (vols, trahisons) ou de personnages douteux, soumis au pouvoir (le gouverneur de Louisiane qui impose le mariage à Manon, le père, le vieux G…M qui les fait enfermer)
  • Les ruses, la tromperie sont source de plaisirs pour le lecteur “ c'est que nos deux chairs se touchent de bien proche ”. La comédie avec le vieux M de G , cette tromperie se fait essentiellement «pour [se] donner le plaisir d’une scène agréable ». Un lien de connivence naît alors entre le lecteur et les personnages « cette ridicule scène » : il joue l’inexpérimenté, fait 2 ou 3 révérences des plus profondes, il surjoue le personnage ignorant tout des usages mondains.
  • Dans la continuité du roman picaresque, cela les entraîne dans des milieux et de lieux insolites voir interlopes (prisons, lieux de débauche)
    • Les espaces troubles renouvellent le plaisir romanesque et attisent la curiosité du lecteur
    • Le récit nous entraîne dans une toponymie habituellement inaccessible aux regards, pas évoqués dans les romans traditionnels (ce que le philosophe Foucault désigne comme “ hétérotopies ” puis aux marges de la France, dans les colonies, avec la Louisiane où ils sont “ séparés du reste du monde par des espaces immenses ” + exotisme
  • La curiosité et le plaisir transgressif = admiration voire fascination
    • Plaisir de l’immoralité, de vivre par procuration ce que la morale nous interdit de faire, on peut penser aux succès des films sur les tueurs en série, les gangsters, aux romans noirs
    • Lescaut est brutal et sans principes d’honneur. Il semble surgir de nulle part (marge spatiale), fréquente des milieux clandestins (marge sociale), exploite sa soeur “ une fille comme elle devrait nous entretenir, vous, elle et moi ” et conduit DG à commettre un homicide (marge morale)
    •  Conseillé par Lescaut, il joue et triche: «j’escamotais assez légèrement pour tromper les yeux des plus habiles, et ruiner sans affectation quantité d’honnêtes joueurs ».
  • Plaisir de la mise en scène, un roman qui échappe aux codes et au genre précis = plaisirs de l’hybridation générique
    • Collusion entre le modèle picaresque et celui de la tragédie dans un art du récit conscient d’enrichissement du modèle narratif
    • Intensité spectaculaire : la plupart des événements rapportés peuvent faire l’objet d’une lecture comique ou tragique (parfois involontaire, culotte et maladresses)
    • Avec le prince italien, Manon est metteuse en scène et comédienne. Le comique de situation tient au fait qu’elle a tout organisé. Elle a préparé ses répliques « Voyez l’homme que j’aime et que j’ai juré d’aimer toute ma vie. Faites la comparaison avec vous-même »puis grands éclats de rire à la fin : « elle se jeta dans un fauteuil et fit retentir dans la chambre de longs éclats de rire ».
    • D'ailleurs, les deux récitent des vers de Racine : ils se prennent pour des dramaturges ou des comédiens
    • Souci de créer des tableaux, avec une attention portée à la composition et aux effets visuels quand il comprend que Manon l’a trahi avec le jeune G...M « Je me jetai sur une chaise. Mon chapeau tomba d’un côté, ma canne de l’autre. Des ruisseaux de larmes amères commencèrent à couler de les yeux » = les excès de la tragédie et de la passion “ inconstante Manon, amante mille fois volage et cruelle, qu’as-tu fait de cet amour que tu me juras encore aujourd’hui? ”
  • Plaisir du récit de DG, narrateur du récit enchâssé et volonté de partager ses émotions
    • Forme de “ griserie ” du récit, plaisir du conteur qui tient son interlocuteur en haleine
    • Effets grandiloquents de la déclamation oratoire, qui génère des pauses pathétiques dans le récit (leur promettre à la fin de la partie 1, « quelque chose encore de plus intéressant, dans la suite de son histoire ») et un art de la “ brevitas “ (le retour du rival qu'on croyait mis sur la touche au présent de narration “ Nous étions prêts à nous mettre au lit ; il ouvre la porte, et il nous glace le sang par sa vue
  • DG joue sur plusieurs procédés narratifs : les commentaires, la rétention d’information (pour restituer le choc malgré un récit rétrospectif), la construction romanesque du personnage par lui-même = drame personnel et posture rhétorique, DG se nourrit du récit de ses mésaventures. Il raconte au Supérieur de Saint-Lazare l’histoire de sa « longue et insurmontable passion » en lui représentant les choses « du côté le plus favorable »
  • Les élans du coeur, des sentiments : le “ romanesque du coeur “, un roman aux élans lyriques
    • Flaubert : “ ce qu’il y a de vrai dans Manon Lescaut, c’est le souffle sentimental, la naïveté de la passion qui rend les héros si vrais, si sympathiques ” 
    • L’authenticité des émotions est renforcé par le dispositif narratif du “ récit mémoire ” (ex: la rencontre coup de foudre)
    • Personnages exaltés, fréquence des hyperboles, émotions contrastées.
  • Le romanesque pathétique des conflits intérieurs des individus marginaux = dualité tragique 
    • Nombreux passages d’introspection sur les tourments mis en valeur par le récit à la 1ère personne qui est source de complicité voire de connivence “ l’amour est une passion innocente ; comment s’est-il changé pour moi en une sources de misère et de désordres? ”
    • Chez DG, avis de l’auteur “ caractère ambigu, un mélange de vertus et de vices, un contraste perpétuel de bons sentiments et d’actions mauvaises ” capable de tuer et de voler mais touché par la farce contre le prince italien. Il met à profit ses talents de comédien, il a souvent des « plans », cf champ lexical de la ruse : « je résolus d’employer toute mon industrie »
  • Conception personnelle de DG de la passion amoureuse
    • Descartes avait montré dans son Traité des passions, comment toutes les passions, primitives ou secondaires, pouvaient se soumettre à une passion prédominante -> l’amour est une passion hors du commun et c’est sa sensibilité aristocratique qui lui permet de sentir ses variations et de se distinguer
    • Or, cette sensibilité est source d’instabilité , de souffrances donc de tourments intérieurs
  • Plaisir romanesque lié à la singularité des personnes marginaux
    • L'ambiguïté, la complexité des personnages qui échappent aux stéréotypes et prennent de l’épaisseur, brouillent les catégories et deviennent un mythe.
  • Le mystère de Manon (décrite peu et qu’à travers le point de vue de 2 hommes) devenu un mythe et dite “ cette exquise drôlesse dont le charme subtil et malsain semble s’échapper comme une odeur légère et insaisissable ” par Maupassant. L’image de la fille est tantôt légère, inconséquente voire perfide, tantôt désespérée ou folle d’amour, tantôt sacralisée. Aperçu au milieu “ d’une douzaine de filles de joie ” mais sa beauté exceptionnelle d'après Renoncour, dit tout de sa “ modestie ”, sa noblesse
  • Plaisir durable de la réflexion que les marginaux suscitent
    • Suscite le rôle actif du lecteur
  • Peinture sociale, le regard sur la société
    • Ancré dans la société par les lieux évoqués et les déplacements réalistes
    • La position en marge permet du recul et un regard décalé, distancié (vernon subutex) et les valeurs sont fortement bouleversées. Prévost est un observateur de son temps et tel un moraliste, dresse un tableaux des vices et dénonce la liberté des moeurs à la fin du règne de Louis XIV (la corruption, les maisons de jeu, les riches libidineux, le goût des plaisirs
  • C’est la leçon cynique de Vautrin au jeune Rastignac dans Le père Goriot en 1831
    « savez-vous comment on fait son chemin ici ? par l’éclat du génie ou par l’adresse de la corruption. Il faut entrer dans cette masse d’hommes comme un boulet de canon, ou s’y glisser comme la peste. l’honnêteté de sert rien »
  • Montesquieu
    « le héros est un fripon et l’héroïne une catin » mais « toutes les actions ont pour motif l’amour, qui est toujours un motif noble , quoique la conduite soit basse »
  • L’étranger, Albert Camus
    • Meursault qui n’a pas prémédité son meurtrela gâchette a cédé » car la sueur a coulé sur ses paupières et créé un trouble des sensations)
    • Meursault et la demande en mariage : il est sincère et ne veut pas mentir
    • Complexité de Meursault, jugé ‘bizarre’ par Marie et par le lecteur
  • Notre-Dame de Paris, Victor Hugo (1831)

    • Quasimodo marginal, brave la loi par amour généreux pour Esmeralda. Noblesse du sentiment donc, personnages attachants. D’ailleurs, les autres sont touchés : la vieille femme au début du roman, le chef des archers, M de T, Renoncour. certains passages fonctionnent comme des tableaux pathétiques (voir analyse linéaire 1, portrait de DG par Renoncour)
    • Rythme soutenue et tension dramatique forte lorsque Quasimodo sauve Esmeralda depuis le haut de la cathédrale (récit du point de vue interne à la foule admirative et émue)
  • Les misérables, Victor Hugo (1862)
    • admiration du lecteur pour Vautrin, pour Jean Valjean « Douloureuse destinée ! Il n’entrerait dans la sainteté aux yeux de Dieu que s’il entrait dans l’infamie aux yeux des hommes »
  • Maupassant
    • dit de Manon « cette fille diverse, complexe, changeante, sincère, odieuse et adorable, pleine d’inexplicables mouvements du coeur, d’incompréhensibles sentiments , de calculs bizarres et de naïveté criminelle, n'est-elle pas admirablement vraie ? » 
    • ex : nombreuses adaptations de ML en opéra, théâtre film, l’évolution du titre qui ne retient que le personnage féminin devenu un « mythe »
  • Le rouge et le noir, Stendhal (1830)

    • Julien est fougueux dans la scène de l’épée mais se soucie aussi des valeurs « je tuerais sa fille ? » question rhétorique qui révèle qu’il a le sens de l’honneur et de la gratitude.
    • Julien Sorel, d’origine modeste, ne peut paradoxalement trouver le bonheur qu’en prison, loin de la société qui le juge, et l’empêche de vivre ses idéaux chevaleresques; certes, il a tiré sur Mme de Rênal mais en prison, il s’élève spirituellement
    • Mathilde, en décalage avec son siècle fade qui ne lui permet pas de vivre de passion ; vit dans la nostalgie du XVIème
  • Gargantua
    • c’est rendre à mon avis un immense service au public que de l’instruire en le divertissant ”