Cards (81)

  • Le terme « État » n'est pas exact au Moyen-Âge
  • Pour désigner la puissance publique, les hommes du Moyen-Âge avaient recours à deux termes : « regnum » (le royaume) et « corona » (la couronne)
  • Le Moyen-Âge constitue la plus grande période de l'Histoire de France : il commence au Ve siècle (avec la déposition de l'empereur d'Occident en 476) et se poursuit jusqu'au XVe / XVIe siècle
  • Le pouvoir royal a réussi à inverser le phénomène de dislocation politique et territoriale qui caractérise la fin de l'époque carolingienne
  • La pensée carolingienne (du IXe siècle notamment) a profondément irrigué la pensée politique du Moyen-Âge classique
  • Cette réaffirmation de l'autorité royale a conduit à l'émergence d'un État royal au Moyen-Âge
  • Cette reconstitution, cette affirmation d'un pouvoir royal fut le résultat de l'action matérielle (puissance militaire) et de la pensée politique ou juridique
  • Les conseillers des rois de France ont été des hommes ecclésiastiques, puis des juristes formés à l'École des droits savants (droit canonique et droit romain)
  • L'empire ottonien, essentiellement franc, s'est de plus en plus romanisé : l'héritage romain était difficilement revendicable par les autres autorités
  • La renaissance du roi romain, à la charnière des XIIe et XIIIe siècles, à Bologne, a pu profiter à l'empire
  • Pour les juristes bolonais, le droit romain formait un droit parfait, intemporel et devait être appliqué à toutes les constructions politiques
  • L'ordre politique du XIIe siècle est différent de celui exprimé par le droit romain : il y a des autorités politiques qui agissent en totale indépendance de l'empereur
  • Les juristes italiens, partisans de l'empereur, ont forgé des maximes exprimant le caractère universel du pouvoir impérial
  • Les rois européens sont qualifiés de « reges provinciales / provinciae » par les juristes italiens : ils sont titulaires de pouvoirs délégués par l'empereur
  • Les rois de France et leurs conseillers ont pu bénéficier du soutien de la papauté pour s'affranchir de la tutelle impériale
  • En 1202, le pape Innocent III affirme que le roi de France « ne connaît pas de supérieur au temporaire »
  • Au XIIIe siècle, beaucoup considéraient déjà que le roi de France devait être considéré comme un égal des empereurs germaniques
  • les rois de France ont su profiter d'événements extérieurs au royaume de France
  • La papauté, à cette époque, revendiquait une certaine hégémonie – religieuse – sur l'Europe
  • Cette époque a donc été marquée par des conflits incessants entre la papauté et l'Empire
  • Si le roi de France a pu bénéficier du soutien de la papauté, c'est que les papes ont entendu se ménager, ici et là, des appuis politiques
  • Cela explique le soutien apporté par la papauté au roi de France, pour le dégager de sa tutelle – même théorique – de l'empereur
  • Per venerabilem
    Décrétale par laquelle le pape Innocent III affirme en 1202 que le roi de France « ne connaît pas de supérieur au temporaire »
  • Au XIIIe siècle, beaucoup considéraient déjà que le roi devait être considéré comme un égal des empereurs germaniques
  • Cette égalité était fondée sur un élément de fait (le roi de France est aussi voire plus puissant de l'empereur germanique, profondément affaibli par ses différents conflits contre la papauté) et un élément historique (à cette époque, les partisans du roi de France s'appuient sur l'histoire carolingienne, et plus spécifiquement sur le partage de Verdun qui a créé trois royaumes indépendants l'un de l'autre)
  • Le royaume de France doit être considéré comme l'égal du royaume de Germanie
  • La décrétale Per venerabilem exprimait cette idée dans un texte juridique
  • Le roi de France et son entourage ont repris cette décrétale, et en ont extrait ce passage, de cette décrétale qui ne concernait originellement pas des questions politiques, pour faire de cette phrase une véritable maxime de droit
  • Accepter sans réserve cette décrétale pouvait présenter un danger, car le roi de France est détaché de sa tutelle, mais pour mieux être attaché à la papauté
  • Les juristes royaux ont cherché à fonder l'indépendance des rois de France, en lui donnant une base autre que celle de la papauté : il s'agit d'un royaume de France issu du partage de Verdun
  • Les légistes de Saint-Louis prennent une maxime, qui reste jusqu'à la fin de l'Ancien Régime : « Rex Franciae in regno suo princeps imperator »
  • Pour les juristes français, il y a une souveraineté de droit de l'empereur, dans un cadre territorial limité ; à côté de cette souveraineté, le roi a également une souveraineté de jure
  • Le pouvoir pontifical pouvait apparaître comme un pouvoir universel, d'autant plus que la religion chrétienne était commune à toute l'Europe
  • Cette hégémonie pouvait être renforcée par la conception chrétienne du pouvoir, héritée de l'Antiquité tardive – chrétienne – et du MA : elle affirme la supériorité de la puissance spirituelle sur la puissance politique temporelle
  • Cette conception permet de comprendre l'hégémonie de l'Église sur les royaumes européens
  • Sous la formule « le roi est empereur en son royaume », on range l'indépendance du roi face à l'empereur, mais aussi celle face à la papauté
  • Cette formule n'a pas été forgée dans le cadre du conflit vis-à-vis de l'empire, mais pour exprimer la supériorité du roi de France sur l'ordre féodal
  • L'enseignement du Christ n'a jamais été un enseignement politique : c'est un message d'espérance, de salut
  • Les évangiles – qui contiennent cet enseignement – renferment deux principes à la base de la pensée politique chrétienne : l'origine divine du pouvoir et la supériorité de la puissance spirituelle sur la puissance temporelle
  • Ambroise de Milan a dégagé, ou plutôt exprimé cette idée au cours du massacre de Thessalonique (390)